jeudi 7 février 2008

Les petites bonnes.

"Nouveau message entrecoupé de quelques images prises ce matin avant de me rendre dans l’association."


Le foyer d’accueil de Bayti accueille toujours plus de filles

(le phénomène des petites bonnes)

Suite aux deux longues journées dans la rue (environ de 8h30 à 19h30) je passe dans le programme de Bayti au foyer d’accueil, ce foyer est un lieu de résidence pour le enfants qui n’ont pas la possibilité de rejoindre leur famille biologique pour différentes raisons, nous parlerons aujourd’hui du phénomène des petites bonnes.















Ces petites bonnes sont des jeunes filles venant de différentes régions du Maroc, mais surtout de la campagne, elles ont quitté leur village soit par manque d’argent de la famille pour manger ou pour d’autres raisons comme par exemple des filles battues, orphelines, parfois on trouve même des mères dans des situations d’extrême pauvreté qui vendent leur fille à des riches comme petite esclave ou même les prostituent. Ces jeunes filles ont en général entre 13 et 18 ans mais les plus jeunes ont de 5 à 6 ans.















Elles arrivent en ville et sont donc embauchées par des riches pour faire le ménage, en général elle sont maltraitées et si elles tombent malade ou qu’il survien un quelconque problème, tant pis pour elles, on les remplace et elles se retrouvent dans la rue. Depuis la rue elles sont soit exploitées dans des réseau de prostitution ou prises comme esclave pour aller vendre des babioles aux touristes. Il a été trouvé dans le garage d’une personne qui exploite ces filles 19 jeunes filles entassées qui dormaient là dans des conditions d’hygiène indescriptibles, ce phénomène n'est pas nouveau, mais ce qui évolue dangereusement, c'est de fait que de plus en plus de ses filles intègrent des groupes d’enfants de la rue.















Un chauffeur de taxi m’explique qu’il connaît un cas ou la fille était moins bien traitée que les chiens de la personne qui l’employait, et ceci n’est qu’un exemple parmi des milliers d’autres. L’œil aiguisé de l’éducateur de rue m’a montré un cas et en effet on remarque le contraste vestimentaire du riche et de la petite bonne qui le suit en portant des affaires. Ce phénomène a été récemment publié dans les médias au Maroc et suite à ces publications il semble que les riches se montrent bien moins en leur présence dans la rue, cela n’est plus très « populaire ».

Je suis très touché par ces gamines et observe la prise en charge de Bayti qui consiste à effectuer une réinsertion scolaire, sociale, professionnelle pour les plus âgées. Ce programme est très complet et comprend différents aspects que je développerai plus en détail dans un prochain message.














Entre 60 et 70'000 petites bonnes sont recensées au Maroc dans une étude de 2002, dont 13'000 sur Casablanca, le gouvernement travaille sur différents points pour lutter contre ce phénomène et Bayti y contribue largement avec son expérience de terrain. Sociologiquement il faut savoir aussi que la petite bonne est vue au Maroc comme une tradition de la famille aisée et que certaines familles trouvent donc ça tout à fait normal d’exploiter des enfants, un travail important reste donc à faire pour que ces jeunes filles puissent un jour pouvoir revendiquer comme un droit la scolarisation et le respect de leur dignité.















Je vous adresse mes meilleures salutations de Casablanca, embrasse bien ma famille et vous remercie pour vos commentaires, merci pour vos messages et surtout n’hésitez pas à poser vos questions, adultes comme enfants.


Fred


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2 commentaires:

Laurence a dit…

Bonjour Frédéric,
Félicitations pour votre travail à Casablanca. En 2002 j'ai lu un article sur Marie-Claire qui parlait de l'association Bayti, depuis je verse chaque année un don à l'association. Je suis tombée sous le charme du Maroc et de ses habitants après avoir visité les villes impériales. Bonne continuation et bon courage

ONG ENFANTS DE LA RUE a dit…

@ Laurence

Et bien merci, pour ma part je ne puis que vous encourager à continuer de soutenir cette association, ils font un travail magnifique et très professionnel. Je me réjouit aussi de visiter un peu plus la pays, encore quelques jours à casa et je reprends la route.

Meilleures salutations